Interview, réalisée le 18 mai 1991 avec ALEX POLARS DE AL VERGA
dans la communauté Céu da Montanha (Ciel de la Montagne).

Maua - Etat de Rio.


A deux cents et quelques kilomètres de la ville de Rio, après avoir quitté l'autoroute, reliant Rio-Sao Paulo, on rejoint la Communauté "Céu da Montanha" par une petite route, non goudronnée. La communauté est située en pleine campagne, entourée de cascades, d'une végétation luxuriante où les oiseaux des espèces les plus variées chantent et enchantent, parmi eux le colibri, symbole du Santo Daïme, ajoutent au paysage ses couleurs aux teintes multiples.

Il s'agit d'une communauté religieuse où est pratiqué les rituels du "Santo Daïme" (le Don Sacré). Son responsable est un ancien militant politique, resté en prison pendant neuf ans sous le régime militaire.

ALEX POLARI DE ALVERGA a bien voulu nous accorder l'interview qui suit :

Q. - Comment est née cette pratique religieuse ?
R. - Vers 1920, pendant la période d'exploitation du caoutchouc, Raimundo lrineu Serra a travaillé avec des chamans péruviens qui l'ont introduit dans les secrets du thé appelé ayauhasca, connu des Incas et nommé le "VIN DE L'AME". Cette infusion avait la propriété de provoquer l'expansion de la conscience, en suscitant un état de "miraçoes", soit des visions de plans spirituels. Il faut signaler que cette boisson a été étudiée, il est très important de le signaler, par de nombreuses institutions à caractère scientifique y compris aux U.S.A.).

Vers 1930, quand M. Serra a pris cette infusion, il a eu la vision d'une femme sur la Lune. Elle lui parlait et lui disait être la Reine de la Foret. Cette femme lui a fait savoir qu'il deviendrait le leader du peuple de "Juramidam". C'est a dire le second Christ et qu'il devrait fonder un Centre où il se réaliseraient des cérémonies sacrées et un culte de la doctrine avec l'absorption de la boisson dans le but de répandre la connaissance. Ce mystérieux breuvage, alors, a été rebaptisé DAIME (Donne-moi) : le don de l'AMOUR, de la LUMIERE, du POUVOIR D'ETRE.

Q. - Pourriez-vous nous éclairer un peu au sujet de l'Ayahuasca ?
R. - II s'agit d'une boisson connue depuis des millénaires par les castes sacerdotales, remontant aux anciens "oiamaras" jusqu'a la formation de l'Empire Inca. L'Ayahuasca était le nom d'un grand sage, d'un sacerdoce, prince de l'Empire inca, frère d'Atahualpa. Apres l'occupation espagnole, Atahualpa s'est rendu aux envahisseurs, mais Ayahuasca s'est réfugié a Machu-Pichu en s'enfonçant en Amazonie sur les sentiers secrets des Incas. Il a préservé ainsi la sagesse de son peuple, en répandant dans la foret l'usage de la boisson sacrée. D'après divers historiens, les Incas ont été présents dans cette région, aujourd'hui Etat du Acre. Des vagues de migrants de l'Empire Inca sont arrivées en Amazonie brésilienne, après la défaite du peuple face aux espagnols. Cela a été a l'origine des légendes sur l'Eldorado et sur d'autres villes perdues.

Les Indiens de la Forêt Amazonienne connaissaient déjà le secret du breuvage, compte tenu des rapports sur leurs mythes.

Il y a encore de nos jours, le culte de l'ayahuasca chez-nous, chez les Kampas et les Cachinauas, près de la frontière du Pérou.

Dès le début du siècle, les contacts entre les paysans du caoutchouc (seringueiros) et les indiens ont fait que l'Ayahuasca a été utilisé par les communautés blanches (serigueiros) qui ouvraient les chemins du caoutchouc dans la Foret.

C'est justement vers cette époque qu'apparaît la figure de Maître Raimundo Irineu Serra, né a Maranhao en 1982. Il s'est fixé dans l'État de l'Acre a l'âge de vingt ans et il a travaillé dans l'extraction du caoutchouc (seringais) près de la frontière de la Bolivie. Il a connu alors Antonio Costa qui prenait l'Ayahuasca et qui l'a donc mis en contact avec le "vin de l'âme", ce qui lui permis d'avoir la révélation dont je vous ai parlé. Il s'est installé vers 1930 à Rio Branco, groupant autour de lui et de ses enseignements ses premiers disciples, à l'âge de 39 ans. La Doctrine enseignée par Maître Irineu se déroule autour de rituels ou des hymnes sont chantés, joués et dansés. Les hymnes ont été reçus du "plan Astral". Les hymnes des Maître Irineu et de ses disciples expriment le chemin que l'homme doit suivre à la recherche de Soi, de la Lumière et de la Vérité.

Q. - De quoi parlent-ils ?
R. - Ils incorporent les connaissances spirituelles de toutes les époques et cultures (inca, Indienne, Africaine, Occidentale, Orientale).

Q. - Mais ne s'agit-il pas précisément de la mise en pratique de la Doctrine Chrétienne ?
R. - Bien sûr. Mais aussi d'un syncrétisme. Le Daïme a comme axe central le Christianisme et les enseignements ésotériques de l' Évangile.

Q. - Celui de Saint Jean ?
R. - Oui. Comme d'ailleurs toute école ésotérique, initiatique. Seulement, les hymnes reçus du "plan Astral" sont une nouvelle version revue et amplifiée pour le nouvel âge.

Q. - Vous étiez militant politique, quel âge avez-vous et comment êtes-vous venu au Daïme.
R. - Je suis né en 1950. J'ai été arrêté début 70. Je suis resté neuf ans en prison et j'ai été remis en liberté a la fin de la décade 70, début 80. En 81, j'ai pris le Daïme pour la première fois à Rio. En 1982, je suis parti pour l'Acre avec un groupe vidéo sous prétexte d'y faire un reportage sur la Communauté. Évidemment ce n'était qu'un prétexte. Mon chemin n'a cessé d'être une progression dont le début a été peut-être la prison parce que c'est en prison que pour la première fois j'ai entendu parler du Daïme.

Q. Vous avez été aussi torturé n'est ce pas ?
R. - Oui, cela fait partie du système. Le plus important a l'heure qu'il est c'est de réaliser un travail avec beaucoup de tranquillité, beaucoup de paix, plein d'amour au cœur et être à même de comprendre au delà de tout ce que je peux vous dire. L'homme a toujours cherché la connaissance ; En réalité cette recherche de la connaissance devrait être une recherche sur le sens de la vie, de la vérité, de ce qui la constitue, de ce qui la dépasse. Cette recherche devrait être commune à tout un chacun, tendant à la compréhension de son existence, de sa finalité, de sa transcendance. Dans notre cas, nous pratiquons un culte religieux, associé à deux plantes divines qui provoquent l'expansion de la conscience. L'infusion est prise comme un sacrement et cela ne pourrait pas en être autrement, pendant des rituels de dévotion.

Q. - Vous parlez d'expansion de conscience, toutefois il y en a qui parlent d'états altérés de conscience associés à l'ingestion de drogues ?
R. - II y a peu de thèmes aussi importants, aussi graves, chargés de préjugés et aussi mal compris que les drogues. Notre civilisation se comporte en ce qui la concerne comme le cliché de la femme alcoolique et névrosée, personnage de n'importe quel feuilleton américain, capable de maximes moralistes, d'exaltations patriotiques mais incapable de porter un diagnostic sur son malheur lui même, ni d'avoir une définition sur ce que peut être ou pas une drogue, de faire la différence sur ce qui est légitime dans la recherche de la vraie connaissance. Comprendre ce qui sépare un drogué de Madison Square d'un sage de la Forêt Amazonienne implique d'être capable de porter un diagnostic exempt de vices, de dépendance d'extrême pauvreté spirituelle et du malheur dont souffre notre civilisation humaine dans son stade actuel. La question au sujet de drogues expose toute cette plaie. Le drogué individuel, lui-même, c'est le miroir de la civilisation dépendante, manipulée par le Médias, par le culte à la sensualité, par la violence, par la compétition et par d'autres produits sécrétés par l'égotisme. Chaque malheureux dépendant qui s'enfonce dans les labyrinthes psychiques soient-ils infernaux ou jouissants, est en train de provoquer une rupture, mais qui ne fait que répéter à perpétuité le chaos actuel. L'emploi de plantes divinatoires dans le contexte de rites ayant comme but l'auto connaissance, pratiqués depuis des millénaires afin de rendre un service bénévole et anonyme a l'humanité est totalement différent. Notre travail est un apprentissage strictement spirituel qui impose une tenue éthique parfaite dont le but est la recherche de l'Amour et de la Vérité. Cela présuppose un rituel et l'orientation d'un maître, d'un guide. Notre travail a travers la communion avec le Santo-Daïme, dans un courant d'hymnes et de danses sacrées, élargit le mental dans le sens ou l'individu dans une recherche intérieure se plonge dans l'étude pour comprendre la vraie réalité. Nous ne pouvons pas atteindre cette réalité sans la connaissance de Soi. Le résultat c'est la "miraçao" (visions spirituelles), source intarissable de cette vérité intérieure, révélée et mise en lumière en notre conscience. Cela exige, en même temps, de l'austérité, de la discipline et de la dévotion pour que nous soyons à même de saisir sa signification. Il faut encore du courage et du cœur pour la mise en pratique de ces enseignements. Le travail avec le Daïme est une stimulation profondément éthique vers un comportement sain, vers l'interaction avec l'environnement, avec la nature, avec ses semblables. C'est un appel irrésistible vers la transformation intérieure, amenant à la véritable libération. Tous ceux qui respectent la vérité arriveront au même endroit, même s'ils empruntent des chemins différents. Nous ne prétendons pas être les propriétaires du sentier. D'ailleurs, je vous dirai même que nous ne voulons pas de publicité. Nous n'appelons personne à venir au Daïme. C'est le Daïme qui mène les gens à lui. Seule la réalisation de l'être en chacun à travers la conscience Christique peut montrer un chemin sûr vers les temps prochains. Il est important que l'Être puisse être présent dans la chair, dans la matière, dans le soleil, dans les étoiles, dans les plantes, dans la nature ou tout simplement dans un "cipo" sans que l'on éprouve le besoin de le crucifier à nouveau.

Q. - pourriez-vous nous parler des plantes qui composent cette boisson ?
R. - Elle est composée d'un cipo (liane) appelé Jagube (Benisteriopsys Caapi) qui se trouve parmi des dizaines d'autres genres de "cipos" et d'une feuille appelée Rainha (Reine : psychotrya viridis) qui est un arbrisseau dont seulement les feuilles sont employées. La Rainha et le Jagube sont des plantes qui croissent en groupes (familles ou royaumes) dans la forêt. Cela correspond en quelques sorte à ces deux énergies complémentaires nommées Yin et Yang.

Q. - Comment ce thé est-il fait ?
R. - Le rituel de préparation du thé s'appelle "Feitio". Le "Feitio" c'est le point culminant du travail spirituel d'accès au Santo-Daïme. C'est un rituel qui implique pratiquement toute la communauté pour la préparation de notre véhicule spirituel sous forme de Sacrement. C'est. un travail spirituel profond qui requiert de la discipline mentale et physique. C'est une synthèse de tout point de vue sur le peuple du Daïme : anthropologique psychique, phytochimique, théologique, etc. N'importe qui ayant participé au "Feitio" du"Santo Daïme ne pourra pas en tirer la conclusion que son produit est une drogue ou une boisson hallucinogène. Le rituel de préparation d'un sacrement est quelque chose d'entièrement contraire à la confection d'une drogue, qu'elle soit réalisée de manière clandestine, qu'elle soit faite en laboratoire ou encore par des multinationales. Le rituel du "Feitio" est un travail spirituel où les limites sont toujours testées. C'est se donner à soi-même uni à tous ceux qui travaillent sur la préparation du Daïme. C'est une communion entre frères. Chaque aspect du travail commun pour la préparation du Santo Daïme est une école d'abnégation, de solidarité, de perfection, d'organisation. Tout cela est une énergie spirituelle qui s'attache au véhicule et retourne à nous à travers le Sacrement, en mettant en lumière nos faiblesses, nos failles, nos manques d'harmonie afin que nous les dépassions spirituellement. Chaque phase du travail exige dédication, fidélité, amour, humilité, force, fermeté. La préparation du Daïme est une école d'apprentissage ésotérique et initiatique où la maîtrise de la matière mène à la perfection spirituelle. Nous sommes guidés par les "miraçoes"(visions spirituelles), après l'ingestion du thé pendant le rituel du "Feitio". Tout est appréhendé par l'œil de l'esprit. Râper le "cipo", le cuire, maîtriser la cuisson, ne pas permettre que le liquide se répande, ce sont à la fois des manipulations spirituelles et matérielles. Chaque étape que nous apprenons à maîtriser dans le chaudron, a sa correspondance dans le mental. Cela se passe jusqu'au moment suprême ou le travail atteint le point alchimique culminant, le point où l'énergie divine du Daime est présente en chaque molécule du liquide. Sur ce point, la feuille (Reine), le Cipo (liane), l'eau et le feu deviennent notre Sacrement Santo Daïme, instrument du Maître "Juramidam" (Jésus le Christ). Plus qu'une technique, savoir faire le Daïme, c'est une correspondance initiatique qui a traversé des millénaires en perpétuant l'enseignement des maîtres, depuis des cultures immémoriales jusqu'a nos jours.

Q. - Pourriez-vous nous dire quelques mots sur la Communauté de Maua ?
R - Notre expérience communautaire se veut un laboratoire ou l'on puisse accomplir des choses qui sont affirmées par la Doctrine de manière à ce qu'elle ne se limite pas à une doctrine de chanteurs d'hymnes merveilleux mais sans résultats pratiques. Je crois que le temps est arrivé ou il faut développer une science spirituelle. Le Daïme malgré tout est un raccourci, il nous montre le chemin et seul le fait qu'il existe de nos jours un raccourci c'est déjà un signe qui mène forcément à la réflexion. Cela veut dire qu'il nous reste peu de temps pour nous préparer. Disons que par le passé nous pouvions nous permettre le luxe de vivre maintes incarnations pour atteindre un point d'évolution et ceci à travers une vie vouée à l'étude, des décades à travailler sans répit pour atteindre un état élevé de conscience, pour atteindre un "satori", un "samadhi", un "Zazen". La définition importe peu. Maintenant le Daïme est en train de nous prouver que ce travail doit être plus intensif. Par ailleurs sa pratique ne nous garantit pas que l'on atteigne l'état de "miraçao", l'état des visions transcendantales, l'extase, l'état d'expansion de conscience, à l'intérieur du lien spirituel que le Daïme procure. Le Daïme n'est pas du cinéma ou on se rend pour assister à de belles choses sur soi, parfois pas si belles, voir même laides, sans que cela n'entame un processus de transformations. Voilà la grande clef du Daïme. C'est comme si nous étions en train de pénétrer dans une réalité en tant que protagonistes, en même temps de notre mental et de nos vies passées, à l'intérieur de notre conscience, à l'intérieur de notre énergie, de nos corps subtils. C'est comme une plongée profonde, très profonde. Disons que cela nous oblige impérativement à assumer une posture éthique devant la connaissance qui se déploie devant nous et à laquelle nous devons nous soumettre. Je ne veux pas dire par là que nous sommes obligés, nous sommes libres de décider, mais si nous prenons connaissance de ce que le Daïme nous montre, de ce qu'il nous enseigne dans le sens de notre évolution spirituelle, de la connaissance sur nous-mêmes, alors nous avons en mains un choix, celui de la transformation. C'est comme si, en quelque sorte, le Daïme nous simplifiait l'accès a la connaissance. Connaissance par ailleurs qui pour y accéder impose tant de préparation, tant de conditions, tant de discipline, qu'il faut toute une vie peut-être plusieurs vies pour l'atteindre. Le Daïme, au moins, nous accorde vite les moyens et une paix pour y arriver. Mais, il est important aussi de savoir qu'il ne nous dispense pas de l'effort, ni d'un travail rigoureux, ni de la souffrance pour réussir. Etant donné que nous croyons à la tradition des Evangiles et surtout à l'Evangile de Saint Jean, le plus suivi par notre Doctrine, le Daïme est le paraclet, l'esprit consolateur promis. De même, nous croyons que la force solaire du Christ, la divinité est venue et a été niée, persécutée et crucifiée, ce n'est pas d'une nouvelle façon qu'elle apparaît dans ce temps de transition..

Q. - Ne trouvez-vous pas un peu morbide de ne voir le sens positif, de ne pas saisir le sens symbolique du mot Apocalypse, de ne pas essayer enfin de pénétrer se sens de la parabole ?
R. - Bien sûr. Pour moi, la fin c'est ce qui précède tout nouveau commencement. C'est une condition. A tel point que dans la vie spirituelle dans la doctrine du Christ qui est celle du Daïme, dans les hymnes du Maître Irineu il y est dit que pour renaître il faut mourir.

Q. - Évidemment, il s'agit la encore de saisir le symbole dans le sens de faire mourir l'ego pour permettre à l'être d'émerger à la conscience, dans toute sa plénitude. D'ou tant de souffrances, n'est ce pas ?
R - Bien sûr. Cela dépendra de la connaissance objective. Le sens de la révélation spirituelle est très précis. Parfois notre désir, notre cœur aspire et même prie afin d'avoir la miséricorde. Disons, pour que la main de la miséricorde guide celle de la justice, selon, d'ailleurs, ce qui est dit dans la doctrine. Dans ce temps-ci il y aura un bilan car il y a des forces qui imposent une conclusion sur une tension, un niveau de tension maximum auquel nous sommes arrivés, disons, un point maximum de la chute de l'esprit. Mais cela non plus ne doit pas être un motif d'effroi ou quoique ce soit dans le genre. Nous sommes en train d'essayer d'aborder la connaissance pour qu'elle nous apporte une solution, nous accorde une alternative. Même sachant que peut-être il y aura une expiation Karmique, un bilan. Nous respectons toutes conceptions, tous les courants spirituels. Mais nous ne sommes pas seuls à réfléchir sur ce problème. Depuis trente ans nous sommes les héritiers de quelque chose de très précieux. Le Paradis ne peut s'atteindre que s'il est créé ici bas. Nous devons lutter pour atteindre la connaissance du Tout et nous identifier à la vie, a la nature. Nous ne pouvons pas transformer le monde, si nous ne nous transformons pas nous-mêmes. II n'y a pas de doute, il aura une redéfinition d'un tas de choses sur le plan matériel, sur le plan subtil, sur le plan de la conscience. Seul un élargissement très grand de la conscience nous permettra d'être à même de faire ce passage. Celui qui est accroché a la conception d'un moi, d'un ego, identifié à la matière, à la vie physique, aux notions de moralité, résultat même de cet attachement aveugle à la matière, perdra la chance d'évoluer.

Q. - Avez-vous composé des hymnes ?
R. - Oui, j'ai des hymnes qui sont chantés à l'occasion de la fête de commémoration de la fondation de l'Église de Maua ainsi que lors de la fête de Saint-Antoine et dans bien d'autres occasions encore. Nous sommes à la quatrième génération de nos travaux. Les hymnes sont le résultat, comme je vous l'ai déjà dit, d'un syncrétisme. Le Daïme porte en lui l'Universalité. Nous nous plaçons dans ce courant de transmission de la connaissance qui s'est déjà manifesté sous plusieurs formes. Maintenant sous la forme du Daïme. C'est récemment, après ce contact spirituel et Astral que les choses s'ouvrent. Nous recevons à présent des personnes venues de courants traditionnels les plus divers. Des yogis, des soufis, des bouddhistes, des "ubandistes" (pratique spirituelle d'origine africaine). Nous considérons que le Daïme a la mission d'unir tous ces courants afin d'abolir les frontières. De manière encore plus vivante, le Daïme attire surtout des mouvements spirituels qui parlent de l'Apocalypse, pour les uns la catastrophe, pour les autres la révélation qui est l'évolution de l'être, du monde. Cela est en cours. Le siège du Daïme en Amazonie s'appelle "Centre Éclectique de Lumière Flottante Universelle". Nous avons le sentiment que tous les courants spirituels viennent à nous. La lumière du Daïme est bien loin de vouloir imposer ou amalgamer la vérité. En fait, le Daïme ouvre la spiritualité. Si les gens arrivent avec leurs symboles de n'importe quel courant religieux, en prenant le Daïme ils y plongent. Le Daïme n'opère pas de distinction. En même temps, il rapproche tout ce noyau véritable qui est l'alchimie de l'être. Nous avons plusieurs travaux. Le travail avec les hymnes, le travail de guérison, le travail de concentration. Récemment, nous avons incorporé l'Umbanda et le Candomblé (courants spirituels d'ethnies africaines différentes). Nous commençons à l'heure qu'il est à développer des études de médiumnité, de mise en action d'incorporation. Donc, c'est la lumière du Daïme elle-même qui apporte les enseignements et la compréhension. Nous considérons que nos communautés sont les noyaux des radiations de l'énergie de la nouvelle ère dont on a tant parlée. Mais nous ne devons pas envisager cela comme quelque chose de merveilleux, mais bien au contraire, comme un pas difficile, comme un processus de transformation afin d'atteindre la perfection de la vie, tant du point de vue matériel que spirituel, afin d'arriver à un équilibre parfait.

Q. - Dans le sens du fonctionnement général de la communauté, y-a-t-il des travaux spécifiques pour le maintien de la communauté ?
R. - Nous avons une structure qui fonctionne plus au moins. L'Eglise et les travaux du culte mis à part, il y a une affiliation de membres, de sociétaires, comme une organisation civile normale. Comme une société juridique définie, ses attributions vont davantage dans le sens d'un développement spirituel. La Communauté jouit d'un conseil communautaire. Nous essayons d'avoir une gestion, la plus souple possible. Nous menons une lutte très dure pour notre survie. Nous considérons cet endroit comme un terrain d'études, comme un tremplin. Ce serait comme une école provisoire ou nous développons un travail de prise de conscience de la terre, des semailles et des vertus de plantes sacrées. Maintenant nous développons nos activités dans les secteurs les plus variés. Nous essayons de développer des activités artisanales y compris en ce qui concerne les plantes médicinales. Nous faisons face à de nombreuses difficultés. Malgré celles-ci, nous essa0yons d'assurer un minimum de survie, pendant que nous progressons dans notre travail. Notre but c'est d'enfoncer notre drapeau dans la forêt Amazonienne. Nous menons déjà dans notre communauté une vie en laquelle nous croyons. Aussi les autres églises dans les centres urbains sont autant de miroirs réfléchissant une réalité multi-prismatique. Cette église a son autonomie. Ici a Maua, nous sommes une communauté plus alternative, nous travaillons sur un projet qui puisse nous assurer la survie matérielle en Amazonie. Les gens s'en méfient, surtout les autres groupes spirituels. Mais nous devons faire face à ce combat avec précaution, de manière à ne pas avoir d'expériences négatives.

Par exemple, l'énergie de l'argent apporte beaucoup de complications sur le plan spirituel. Dans notre travail, lui-même, nous devons nous préoccuper de conditions de vie très précaires dans la région Amazonienne. C'est quelque chose d'inimaginable, il faut y être pour s'en rendre compte. Donc, nous devons nous occuper d'élever le niveau de vie de ces populations. Nous sommes en train d'élaborer des projets structurels de base, tels que la création de fosses sceptiques sèches ainsi que de développer d'autres activités alternatives. Là-bas nous faisons face à des épidémies de toute sorte, à l'hépatite, etc. Nous avons un autre projet pour procéder au séchage des fruits. La région est richissime en bananes, cajous etc. Pour que nous réussissions à faire ce passage nous devons mettre au point quelque chose nous permettant la qualité de la vie matérielle de la communauté. Notre destination est la forêt.

Propos recueillis par :
JANDIRA TELLES Maua, mars ,1991

"Heureux et Saints ceux qui ont part à la première résurrection !
La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux !"
(Jean Ap. 20.6)


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