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A deux cents et quelques kilomètres de la ville de
Rio, après avoir quitté l'autoroute, reliant
Rio-Sao Paulo, on rejoint la Communauté "Céu da
Montanha" par une petite route, non goudronnée. La
communauté est située en pleine campagne,
entourée de cascades, d'une végétation
luxuriante où les oiseaux des espèces les plus
variées chantent et enchantent, parmi eux le colibri,
symbole du Santo Daïme, ajoutent au paysage ses couleurs aux
teintes multiples.
Il s'agit d'une communauté religieuse où
est pratiqué les rituels du "Santo Daïme" (le Don
Sacré). Son responsable est un ancien militant politique,
resté en prison pendant neuf ans sous le régime
militaire.
ALEX POLARI DE ALVERGA a bien voulu nous accorder l'interview
qui suit :
Q. - Comment est née cette pratique
religieuse ?
R. - Vers 1920, pendant la période d'exploitation du
caoutchouc, Raimundo lrineu Serra a travaillé avec des
chamans péruviens qui l'ont introduit dans les secrets du
thé appelé ayauhasca, connu des Incas et
nommé le "VIN DE L'AME". Cette infusion avait la
propriété de provoquer l'expansion de la
conscience, en suscitant un état de "miraçoes",
soit des visions de plans spirituels. Il faut signaler que cette
boisson a été étudiée, il
est très important de le signaler, par de nombreuses
institutions à caractère scientifique y compris
aux U.S.A.).
Vers 1930, quand M. Serra a pris cette infusion, il a eu la
vision d'une femme sur la Lune. Elle lui parlait et lui disait
être la Reine de la Foret. Cette femme lui a fait savoir
qu'il deviendrait le leader du peuple de "Juramidam". C'est a dire le
second Christ et qu'il devrait fonder un Centre où il se
réaliseraient des cérémonies
sacrées et un culte de la doctrine avec l'absorption de la
boisson dans le but de répandre la connaissance. Ce
mystérieux breuvage, alors, a été
rebaptisé DAIME (Donne-moi) : le don de l'AMOUR, de la
LUMIERE, du POUVOIR D'ETRE.
Q. - Pourriez-vous nous éclairer un peu au
sujet de l'Ayahuasca ?
R. - II s'agit d'une boisson connue depuis des millénaires
par les castes sacerdotales, remontant aux anciens "oiamaras" jusqu'a
la formation de l'Empire Inca. L'Ayahuasca était le nom d'un
grand sage, d'un sacerdoce, prince de l'Empire inca, frère
d'Atahualpa. Apres l'occupation espagnole, Atahualpa s'est rendu aux
envahisseurs, mais Ayahuasca s'est réfugié a
Machu-Pichu en s'enfonçant en Amazonie sur les sentiers
secrets des Incas. Il a préservé ainsi la sagesse
de son peuple, en répandant dans la foret l'usage de la
boisson sacrée. D'après divers historiens, les
Incas ont été présents dans cette
région, aujourd'hui Etat du Acre. Des vagues de migrants de
l'Empire Inca sont arrivées en Amazonie
brésilienne, après la défaite du
peuple face aux espagnols. Cela a été a l'origine
des légendes sur l'Eldorado et sur d'autres villes perdues.
Les Indiens de la Forêt Amazonienne connaissaient
déjà le secret du breuvage, compte tenu des
rapports sur leurs mythes.
Il y a encore de nos jours, le culte de l'ayahuasca chez-nous,
chez les Kampas et les Cachinauas, près de la
frontière du Pérou.
Dès le début du siècle, les
contacts entre les paysans du caoutchouc (seringueiros) et les indiens
ont fait que l'Ayahuasca a été utilisé
par les communautés blanches (serigueiros) qui ouvraient les
chemins du caoutchouc dans la Foret.
C'est justement vers cette époque
qu'apparaît la figure de Maître Raimundo Irineu
Serra, né a Maranhao en 1982. Il s'est fixé dans
l'État de l'Acre a l'âge de vingt ans et il a
travaillé dans l'extraction du caoutchouc (seringais)
près de la frontière de la Bolivie. Il a connu
alors Antonio Costa qui prenait l'Ayahuasca et qui l'a donc mis en
contact avec le "vin de l'âme", ce qui lui permis d'avoir la
révélation dont je vous ai parlé. Il
s'est installé vers 1930 à Rio Branco, groupant
autour de lui et de ses enseignements ses premiers disciples,
à l'âge de 39 ans. La Doctrine
enseignée par Maître Irineu se déroule
autour de rituels ou des hymnes sont chantés,
joués et dansés. Les hymnes ont
été reçus du "plan Astral". Les hymnes
des Maître Irineu et de ses disciples expriment le chemin que
l'homme doit suivre à la recherche de Soi, de la
Lumière et de la Vérité.
Q. - De quoi parlent-ils ?
R. - Ils incorporent les connaissances spirituelles de toutes les
époques et cultures (inca, Indienne, Africaine, Occidentale,
Orientale).
Q. - Mais ne s'agit-il pas
précisément de la mise en pratique de la Doctrine
Chrétienne ?
R. - Bien sûr. Mais aussi d'un syncrétisme. Le
Daïme a comme axe central le Christianisme et les
enseignements ésotériques de l'
Évangile.
Q. - Celui de Saint Jean ?
R. - Oui. Comme d'ailleurs toute école
ésotérique, initiatique. Seulement, les hymnes
reçus du "plan Astral" sont une nouvelle version revue et
amplifiée pour le nouvel âge.
Q. - Vous étiez militant politique, quel
âge avez-vous et comment êtes-vous venu au
Daïme.
R. - Je suis né en 1950. J'ai été
arrêté début 70. Je suis
resté neuf ans en prison et j'ai été
remis en liberté a la fin de la décade 70,
début 80. En 81, j'ai pris le Daïme pour la
première fois à Rio. En 1982, je suis parti pour
l'Acre avec un groupe vidéo sous prétexte d'y
faire un reportage sur la Communauté. Évidemment
ce n'était qu'un prétexte. Mon chemin n'a
cessé d'être une progression dont le
début a été peut-être la
prison parce que c'est en prison que pour la première fois
j'ai entendu parler du Daïme.
Q. Vous avez été aussi
torturé n'est ce pas ?
R. - Oui, cela fait partie du système. Le plus important a
l'heure qu'il est c'est de réaliser un travail avec beaucoup
de tranquillité, beaucoup de paix, plein d'amour au
cœur et être à même de
comprendre au delà de tout ce que je peux vous dire. L'homme
a toujours cherché la connaissance ; En
réalité cette recherche de la connaissance
devrait être une recherche sur le sens de la vie, de la
vérité, de ce qui la constitue, de ce qui la
dépasse. Cette recherche devrait être commune
à tout un chacun, tendant à la
compréhension de son existence, de sa finalité,
de sa transcendance. Dans notre cas, nous pratiquons un culte
religieux, associé à deux plantes divines qui
provoquent l'expansion de la conscience. L'infusion est prise comme un
sacrement et cela ne pourrait pas en être autrement, pendant
des rituels de dévotion.
Q. - Vous parlez d'expansion de conscience, toutefois
il y en a qui parlent d'états altérés
de conscience associés à l'ingestion de drogues ?
R. - II y a peu de thèmes aussi importants, aussi graves,
chargés de préjugés et aussi mal
compris que les drogues. Notre civilisation se comporte en ce qui la
concerne comme le cliché de la femme alcoolique et
névrosée, personnage de n'importe quel feuilleton
américain, capable de maximes moralistes, d'exaltations
patriotiques mais incapable de porter un diagnostic sur son malheur lui
même, ni d'avoir une définition sur ce que peut
être ou pas une drogue, de faire la différence sur
ce qui est légitime dans la recherche de la vraie
connaissance. Comprendre ce qui sépare un drogué
de Madison Square d'un sage de la Forêt Amazonienne implique
d'être capable de porter un diagnostic exempt de vices, de
dépendance d'extrême pauvreté
spirituelle et du malheur dont souffre notre civilisation humaine dans
son stade actuel. La question au sujet de drogues expose toute cette
plaie. Le drogué individuel, lui-même, c'est le
miroir de la civilisation dépendante, manipulée
par le Médias, par le culte à la
sensualité, par la violence, par la compétition
et par d'autres produits sécrétés par
l'égotisme. Chaque malheureux dépendant qui
s'enfonce dans les labyrinthes psychiques soient-ils infernaux ou
jouissants, est en train de provoquer une rupture, mais qui ne fait que
répéter à
perpétuité le chaos actuel. L'emploi de plantes
divinatoires dans le contexte de rites ayant comme but l'auto
connaissance, pratiqués depuis des millénaires
afin de rendre un service bénévole et anonyme a
l'humanité est totalement différent. Notre
travail est un apprentissage strictement spirituel qui impose une tenue
éthique parfaite dont le but est la recherche de l'Amour et
de la Vérité. Cela présuppose un
rituel et l'orientation d'un maître, d'un guide. Notre
travail a travers la communion avec le Santo-Daïme, dans un
courant d'hymnes et de danses sacrées, élargit le
mental dans le sens ou l'individu dans une recherche
intérieure se plonge dans l'étude pour comprendre
la vraie réalité. Nous ne pouvons pas atteindre
cette réalité sans la connaissance de Soi. Le
résultat c'est la "miraçao" (visions
spirituelles), source intarissable de cette
vérité intérieure,
révélée et mise en lumière
en notre conscience. Cela exige, en même temps, de
l'austérité, de la discipline et de la
dévotion pour que nous soyons à même de
saisir sa signification. Il faut encore du courage et du cœur
pour la mise en pratique de ces enseignements. Le travail avec le
Daïme est une stimulation profondément
éthique vers un comportement sain, vers l'interaction avec
l'environnement, avec la nature, avec ses semblables. C'est un appel
irrésistible vers la transformation intérieure,
amenant à la véritable libération.
Tous ceux qui respectent la vérité arriveront au
même endroit, même s'ils empruntent des chemins
différents. Nous ne prétendons pas être
les propriétaires du sentier. D'ailleurs, je vous dirai
même que nous ne voulons pas de publicité. Nous
n'appelons personne à venir au Daïme. C'est le
Daïme qui mène les gens à lui. Seule la
réalisation de l'être en chacun à
travers la conscience Christique peut montrer un chemin sûr
vers les temps prochains. Il est important que l'Être puisse
être présent dans la chair, dans la
matière, dans le soleil, dans les étoiles, dans
les plantes, dans la nature ou tout simplement dans un "cipo" sans que
l'on éprouve le besoin de le crucifier à nouveau.
Q. - pourriez-vous nous parler des plantes qui
composent cette boisson ?
R. - Elle est composée d'un cipo (liane) appelé
Jagube (Benisteriopsys Caapi) qui se trouve parmi des dizaines d'autres
genres de "cipos" et d'une feuille appelée Rainha (Reine :
psychotrya viridis) qui est un arbrisseau dont seulement les feuilles
sont employées. La Rainha et le Jagube sont des plantes qui
croissent en groupes (familles ou royaumes) dans la forêt.
Cela correspond en quelques sorte à ces deux
énergies complémentaires nommées Yin
et Yang.
Q. - Comment ce thé est-il fait ?
R. - Le rituel de préparation du thé s'appelle
"Feitio". Le "Feitio" c'est le point culminant du travail spirituel
d'accès au Santo-Daïme. C'est un rituel qui
implique pratiquement toute la communauté pour la
préparation de notre véhicule spirituel sous
forme de Sacrement. C'est. un travail spirituel profond qui requiert de
la discipline mentale et physique. C'est une synthèse de
tout point de vue sur le peuple du Daïme : anthropologique
psychique, phytochimique, théologique, etc. N'importe qui
ayant participé au "Feitio" du"Santo Daïme ne
pourra pas en tirer la conclusion que son produit est une drogue ou une
boisson hallucinogène. Le rituel de préparation
d'un sacrement est quelque chose d'entièrement contraire
à la confection d'une drogue, qu'elle soit
réalisée de manière clandestine,
qu'elle soit faite en laboratoire ou encore par des multinationales. Le
rituel du "Feitio" est un travail spirituel où les limites
sont toujours testées. C'est se donner à
soi-même uni à tous ceux qui travaillent sur la
préparation du Daïme. C'est une communion entre
frères. Chaque aspect du travail commun pour la
préparation du Santo Daïme est une école
d'abnégation, de solidarité, de perfection,
d'organisation. Tout cela est une énergie spirituelle qui
s'attache au véhicule et retourne à nous
à travers le Sacrement, en mettant en lumière nos
faiblesses, nos failles, nos manques d'harmonie afin que nous les
dépassions spirituellement. Chaque phase du travail exige
dédication, fidélité, amour,
humilité, force, fermeté. La
préparation du Daïme est une école
d'apprentissage ésotérique et initiatique
où la maîtrise de la matière
mène à la perfection spirituelle. Nous sommes
guidés par les "miraçoes"(visions spirituelles),
après l'ingestion du thé pendant le rituel du
"Feitio". Tout est appréhendé par l'œil
de l'esprit. Râper le "cipo", le cuire, maîtriser
la cuisson, ne pas permettre que le liquide se répande, ce
sont à la fois des manipulations spirituelles et
matérielles. Chaque étape que nous apprenons
à maîtriser dans le chaudron, a sa correspondance
dans le mental. Cela se passe jusqu'au moment suprême ou le
travail atteint le point alchimique culminant, le point où
l'énergie divine du Daime est présente en chaque
molécule du liquide. Sur ce point, la feuille (Reine), le
Cipo (liane), l'eau et le feu deviennent notre Sacrement Santo
Daïme, instrument du Maître "Juramidam"
(Jésus le Christ). Plus qu'une technique, savoir faire le
Daïme, c'est une correspondance initiatique qui a
traversé des millénaires en perpétuant
l'enseignement des maîtres, depuis des cultures
immémoriales jusqu'a nos jours.
Q. - Pourriez-vous nous dire quelques mots sur la
Communauté de Maua ?
R - Notre expérience communautaire se veut un laboratoire ou
l'on puisse accomplir des choses qui sont affirmées par la
Doctrine de manière à ce qu'elle ne se limite pas
à une doctrine de chanteurs d'hymnes merveilleux mais sans
résultats pratiques. Je crois que le temps est
arrivé ou il faut développer une science
spirituelle. Le Daïme malgré tout est un raccourci,
il nous montre le chemin et seul le fait qu'il existe de nos jours un
raccourci c'est déjà un signe qui mène
forcément à la réflexion. Cela veut
dire qu'il nous reste peu de temps pour nous préparer.
Disons que par le passé nous pouvions nous permettre le luxe
de vivre maintes incarnations pour atteindre un point
d'évolution et ceci à travers une vie
vouée à l'étude, des
décades à travailler sans répit pour
atteindre un état élevé de conscience,
pour atteindre un "satori", un "samadhi", un "Zazen". La
définition importe peu. Maintenant le Daïme est en
train de nous prouver que ce travail doit être plus intensif.
Par ailleurs sa pratique ne nous garantit pas que l'on atteigne
l'état de "miraçao", l'état des
visions transcendantales, l'extase, l'état d'expansion de
conscience, à l'intérieur du lien spirituel que
le Daïme procure. Le Daïme n'est pas du
cinéma ou on se rend pour assister à de belles
choses sur soi, parfois pas si belles, voir même laides, sans
que cela n'entame un processus de transformations. Voilà la
grande clef du Daïme. C'est comme si nous étions en
train de pénétrer dans une
réalité en tant que protagonistes, en
même temps de notre mental et de nos vies passées,
à l'intérieur de notre conscience, à
l'intérieur de notre énergie, de nos corps
subtils. C'est comme une plongée profonde, très
profonde. Disons que cela nous oblige impérativement
à assumer une posture éthique devant la
connaissance qui se déploie devant nous et à
laquelle nous devons nous soumettre. Je ne veux pas dire par
là que nous sommes obligés, nous sommes libres de
décider, mais si nous prenons connaissance de ce que le
Daïme nous montre, de ce qu'il nous enseigne dans le sens de
notre évolution spirituelle, de la connaissance sur
nous-mêmes, alors nous avons en mains un choix, celui de la
transformation. C'est comme si, en quelque sorte, le Daïme
nous simplifiait l'accès a la connaissance. Connaissance par
ailleurs qui pour y accéder impose tant de
préparation, tant de conditions, tant de discipline, qu'il
faut toute une vie peut-être plusieurs vies pour l'atteindre.
Le Daïme, au moins, nous accorde vite les moyens et une paix
pour y arriver. Mais, il est important aussi de savoir qu'il ne nous
dispense pas de l'effort, ni d'un travail rigoureux, ni de la
souffrance pour réussir. Etant donné que nous
croyons à la tradition des Evangiles et surtout à
l'Evangile de Saint Jean, le plus suivi par notre Doctrine, le
Daïme est le paraclet, l'esprit consolateur promis. De
même, nous croyons que la force solaire du Christ, la
divinité est venue et a été
niée, persécutée et
crucifiée, ce n'est pas d'une nouvelle façon
qu'elle apparaît dans ce temps de transition..
Q. - Ne trouvez-vous pas un peu morbide de ne voir le
sens positif, de ne pas saisir le sens symbolique du mot Apocalypse, de
ne pas essayer enfin de pénétrer se sens de la
parabole ?
R. - Bien sûr. Pour moi, la fin c'est ce qui
précède tout nouveau commencement. C'est une
condition. A tel point que dans la vie spirituelle dans la doctrine du
Christ qui est celle du Daïme, dans les hymnes du
Maître Irineu il y est dit que pour renaître il
faut mourir.
Q. - Évidemment, il s'agit la encore de
saisir le symbole dans le sens de faire mourir l'ego pour permettre
à l'être d'émerger à la
conscience, dans toute sa plénitude. D'ou tant de
souffrances, n'est ce pas ?
R - Bien sûr. Cela dépendra de la connaissance
objective. Le sens de la révélation spirituelle
est très précis. Parfois notre désir,
notre cœur aspire et même prie afin d'avoir la
miséricorde. Disons, pour que la main de la
miséricorde guide celle de la justice, selon, d'ailleurs, ce
qui est dit dans la doctrine. Dans ce temps-ci il y aura un bilan car
il y a des forces qui imposent une conclusion sur une tension, un
niveau de tension maximum auquel nous sommes arrivés,
disons, un point maximum de la chute de l'esprit. Mais cela non plus ne
doit pas être un motif d'effroi ou quoique ce soit dans le
genre. Nous sommes en train d'essayer d'aborder la connaissance pour
qu'elle nous apporte une solution, nous accorde une alternative.
Même sachant que peut-être il y aura une expiation
Karmique, un bilan. Nous respectons toutes conceptions, tous les
courants spirituels. Mais nous ne sommes pas seuls à
réfléchir sur ce problème. Depuis
trente ans nous sommes les héritiers de quelque chose de
très précieux. Le Paradis ne peut s'atteindre que
s'il est créé ici bas. Nous devons lutter pour
atteindre la connaissance du Tout et nous identifier à la
vie, a la nature. Nous ne pouvons pas transformer le monde, si nous ne
nous transformons pas nous-mêmes. II n'y a pas de doute, il
aura une redéfinition d'un tas de choses sur le plan
matériel, sur le plan subtil, sur le plan de la conscience.
Seul un élargissement très grand de la conscience
nous permettra d'être à même de faire ce
passage. Celui qui est accroché a la conception d'un moi,
d'un ego, identifié à la matière,
à la vie physique, aux notions de moralité,
résultat même de cet attachement aveugle
à la matière, perdra la chance
d'évoluer.
Q. - Avez-vous composé des hymnes ?
R. - Oui, j'ai des hymnes qui sont chantés à
l'occasion de la fête de commémoration de la
fondation de l'Église de Maua ainsi que lors de la
fête de Saint-Antoine et dans bien d'autres occasions encore.
Nous sommes à la quatrième
génération de nos travaux. Les hymnes sont le
résultat, comme je vous l'ai déjà dit,
d'un syncrétisme. Le Daïme porte en lui
l'Universalité. Nous nous plaçons dans ce courant
de transmission de la connaissance qui s'est déjà
manifesté sous plusieurs formes. Maintenant sous la forme du
Daïme. C'est récemment, après ce contact
spirituel et Astral que les choses s'ouvrent. Nous recevons
à présent des personnes venues de courants
traditionnels les plus divers. Des yogis, des soufis, des bouddhistes,
des "ubandistes" (pratique spirituelle d'origine africaine). Nous
considérons que le Daïme a la mission d'unir tous
ces courants afin d'abolir les frontières. De
manière encore plus vivante, le Daïme attire
surtout des mouvements spirituels qui parlent de l'Apocalypse, pour les
uns la catastrophe, pour les autres la révélation
qui est l'évolution de l'être, du monde. Cela est
en cours. Le siège du Daïme en Amazonie s'appelle
"Centre Éclectique de Lumière Flottante
Universelle". Nous avons le sentiment que tous les courants spirituels
viennent à nous. La lumière du Daïme est
bien loin de vouloir imposer ou amalgamer la
vérité. En fait, le Daïme ouvre la
spiritualité. Si les gens arrivent avec leurs symboles de
n'importe quel courant religieux, en prenant le Daïme ils y
plongent. Le Daïme n'opère pas de distinction. En
même temps, il rapproche tout ce noyau véritable
qui est l'alchimie de l'être. Nous avons plusieurs travaux.
Le travail avec les hymnes, le travail de guérison, le
travail de concentration. Récemment, nous avons
incorporé l'Umbanda et le Candomblé (courants
spirituels d'ethnies africaines différentes). Nous
commençons à l'heure qu'il est à
développer des études de
médiumnité, de mise en action d'incorporation.
Donc, c'est la lumière du Daïme elle-même
qui apporte les enseignements et la compréhension. Nous
considérons que nos communautés sont les noyaux
des radiations de l'énergie de la nouvelle ère
dont on a tant parlée. Mais nous ne devons pas envisager
cela comme quelque chose de merveilleux, mais bien au contraire, comme
un pas difficile, comme un processus de transformation afin d'atteindre
la perfection de la vie, tant du point de vue matériel que
spirituel, afin d'arriver à un équilibre parfait.
Q. - Dans le sens du fonctionnement
général de la communauté, y-a-t-il des
travaux spécifiques pour le maintien de la
communauté ?
R. - Nous avons une structure qui fonctionne plus au moins. L'Eglise et
les travaux du culte mis à part, il y a une affiliation de
membres, de sociétaires, comme une organisation civile
normale. Comme une société juridique
définie, ses attributions vont davantage dans le sens d'un
développement spirituel. La Communauté jouit d'un
conseil communautaire. Nous essayons d'avoir une gestion, la plus
souple possible. Nous menons une lutte très dure pour notre
survie. Nous considérons cet endroit comme un terrain
d'études, comme un tremplin. Ce serait comme une
école provisoire ou nous développons un travail
de prise de conscience de la terre, des semailles et des vertus de
plantes sacrées. Maintenant nous développons nos
activités dans les secteurs les plus variés. Nous
essayons de développer des activités artisanales
y compris en ce qui concerne les plantes médicinales. Nous
faisons face à de nombreuses difficultés.
Malgré celles-ci, nous essa0yons d'assurer un minimum de
survie, pendant que nous progressons dans notre travail. Notre but
c'est d'enfoncer notre drapeau dans la forêt Amazonienne.
Nous menons déjà dans notre communauté
une vie en laquelle nous croyons. Aussi les autres églises
dans les centres urbains sont autant de miroirs
réfléchissant une réalité
multi-prismatique. Cette église a son autonomie. Ici a Maua,
nous sommes une communauté plus alternative, nous
travaillons sur un projet qui puisse nous assurer la survie
matérielle en Amazonie. Les gens s'en méfient,
surtout les autres groupes spirituels. Mais nous devons faire face
à ce combat avec précaution, de
manière à ne pas avoir d'expériences
négatives.
Par exemple, l'énergie de l'argent apporte beaucoup
de complications sur le plan spirituel. Dans notre travail,
lui-même, nous devons nous préoccuper de
conditions de vie très précaires dans la
région Amazonienne. C'est quelque chose d'inimaginable, il
faut y être pour s'en rendre compte. Donc, nous devons nous
occuper d'élever le niveau de vie de ces populations. Nous
sommes en train d'élaborer des projets structurels de base,
tels que la création de fosses sceptiques sèches
ainsi que de développer d'autres activités
alternatives. Là-bas nous faisons face à des
épidémies de toute sorte, à
l'hépatite, etc. Nous avons un autre projet pour
procéder au séchage des fruits. La
région est richissime en bananes, cajous etc. Pour que nous
réussissions à faire ce passage nous devons
mettre au point quelque chose nous permettant la qualité de
la vie matérielle de la communauté. Notre
destination est la forêt.
Propos recueillis par :
JANDIRA TELLES Maua, mars ,1991
"Heureux et Saints ceux qui ont part à la
première résurrection !
La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux !"
(Jean Ap. 20.6)
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